Programme pour une maternité sans danger (PMSD)

Propriétés physiques pertinentes 

Mise à jour : 1996-07-09

État physique : Solide
Tension de vapeur : 0,35 mm de Hg    (0,047 kPa) à 20 °C
Point d'ébullition : 182,00 °C
Solubilité dans l'eau : 82,00 g/l à 20 °C
Coefficient de partage (eau/huile) : 0,0331
Masse moléculaire : 94,11

Voies d'absorption

Mise à jour : 2010-07-16

Voies respiratoires : Absorbé
Voies digestives : Absorbé
Percutanée : Absorbé

Effets sur le développement 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

Mise à jour : 2010-07-15

  • Il traverse le placenta chez l'animal.
  • Il n'a pas d'effet sur le développement prénatal en absence de toxicité maternelle.
  • Les données ne permettent pas de faire une évaluation adéquate de l'effet postnatal.

Le transfert placentaire a été mis en évidence lors d'une étude chez des rats exposés par voie orale à du phénol radiomarqué (10, 100 et 1 000 mg/kg; au jour 11 de la gestation) (Gray et Kavlock 1990). Les auteurs rapportent que les concentrations placentaire et embryonnaire étaient similaires à la concentration sérique de la mère.

Développement prénatal

Études chez l'humain

Heinonen et al. (1977) ne rapporte pas d'association entre les malformations et l'exposition à des antimicrobiens topiques (incluant le phénol) du premier au quatrième mois de la grossesse.

Une étude de type cas-témoin effectuée par Hernberg et al. (1983) n'a pas montré d'association entre l'exposition à des désinfectants (incluant le phénol) et l'incidence de malformations congénitales.  

Une étude des issues de grossesse a été effectuée par Axelsson et al. (1984) auprès de femmes travaillant en laboratoire entre 1968 et 1979. Une augmentation non significative des fausses couches, l'absence de mortalité périnatale et l'absence de malformations ont été observées chez les femmes exposées à des solvants organiques (plus d'une douzaine de produits incluant entre autres le chloroforme, l'éther diéthylique, le chlorure de méthylène, l'acétone, le phénol, etc.). Le niveau d'exposition n'a pas été rapporté et il y avait une exposition mixte.

Une étude épidémiologique effectuée dans l'industrie des semi-conducteurs rapporte une incidence accrue, non significative, d'avortements spontanés. Cependant, cette étude est non concluante car les travailleuses étaient exposées simultanément à d'autres contaminants (Lamm 1996).

Une étude effectuée chez des travailleuses de laboratoires de 1990 à 1994 par Wennborg et al. (2000) n'a pas rapporté d'augmentation significatice du taux d'avortements spontanés. Le phénol et d'autres solvants (acétone, benzène, chloroforme, toluène, éther diméthylique et xylène) étaient les produits plus fréquemment utilisés par les travailleuses, mais le niveau d'exposition n'a pas été quantifié.  

Note : Une estimation quantitative du risque pour le développement a été publiée par Jankovic et Drake (1996).  

Études chez l'animal 

Jones-Price et al. (1983) ont exposé des rats par gavage (0, 30, 60 et 120 mg/kg/j; jours 6 à 15 de la gestation). Une diminution significative du poids foetal a été notée à la plus forte dose. Les auteurs n'ont pas observé de toxicité maternelle, ni de malformations. 

Des souris ont été exposées par gavage (0, 70, 140 et 280 mg/kg; jours 6 à 15 de la gestation). De la toxicité maternelle a été observée à 280 mg/kg (11 % de mortalité, trémors, ataxie, diminution significative du poids et du gain de poids) ainsi qu'une diminution significative du poids foetal et une augmentation significative des résorptions par portée (Jones-Price et al. 1983).

Narotsky et Kavlock (1995) ont fait une étude exploratoire par gavage chez le rat (0, 40, 53,3 mg/kg; jours 6 à 19 de la gestation). Une diminution significative de la viabilité a été observée à la plus forte dose en présence de toxicité maternelle (dépression respiratoire). Aucune analyse tératologique n'a été faite.  

Un autre étude a été réalisée chez le rat par gavage (0, 60, 120 et 360 mg/kg; jours 6 à 15 de la gestation). Une diminution significative du poids foetal et un retard d'ossification ont été notés à la plus forte dose en présence de toxicité maternelle (diminution significative du gain de poids et de la consommation d'aliments). Aucun n'effet n'a été rapporté sur le nombre de corps jaunes, les implantations et la taille des portées (York 1997, cité dans ATSDR 2008).  

Développement postnatal 

Une diminution significative du taux de survie, du poids des ratons aux jours 4, 7, 14, 21 ainsi qu'un retard dans certains paramètres (ouverture vaginale, séparation du prépuce) ont été rapportés à la plus forte dose lors d'une sur deux générations chez des rats exposés par gavage. Des signes de toxicité maternelle (diminution significative du gain de poids) ont également été observés à cette dose. Selon les auteurs, les retards de l’ouverture vaginale et de la séparation du prépuce pourraient correspondre à la diminution de la croissance (Ryan et al. 2001, étude décrite dans la section des effets sur la reproduction).

Effets sur la reproduction 10 11

Mise à jour : 2010-07-15

  • Une étude chez une espèce animale suggère l'absence d'effet sur la fertilité.
  • Les données ne permettent pas de faire une évaluation adéquate des effets sur la reproduction.

Ryan et al. (2001) ont effectué une étude de reproduction sur deux générations chez le rat par ingestion (0, 200, 1 000 et 5 000 ppm dans l'eau de consommation; soit 0, 20, 93 et 350 mg/kg/j; 10 semaines avant l'accouplement, pendant l'accouplement, la gestation et la lactation). Une diminution significative de la consommation d'eau, d'aliments, du poids et du gain de poids a été notée à 5 000 ppm, chez les parents des deux générations. 

Les auteurs n'ont observé aucun effet sur les indices de fertilité, les performances reproductives (indices d'accouplement, de fertilité et de gestation), la viabilité des rejetons, la taille des portées, les modifications histopathologiques des organes reproducteurs, et ce, pour les deux générations. Une diminution significative du poids des organes reproducteurs (utérus et prostate) a été notée à 5 000 ppm, chez les parents des deux générations. Les auteurs mentionnent que cette diminution n'est pas accompagnée de modifications pathologiques ni de déficit fonctionnel de la reproduction et, par conséquent, qu'il ne s’agit pas d'un effet néfaste.  

Une autre étude sur cinq générations a été effectuée chez le rat par ingestion mais aucune conclusion ne peut être tirée puisqu'il s'agit d'un protocole inadéquat (Heller et Pursell 1938, cités dans ATSDR 2008). 

Effets sur le système reproducteur

Études chez la femelle
Aucun changement histopathologique n'a été observé dans les organes reproducteurs lors d'une étude chez le rat et la souris par ingestion d'une durée de 13 semaines (rat : 0 à 1 694 mg/kg; souris : 0 à 2 642 mg/kg; eau de consommation) (NCI 1980, cité dans ATSDR 2008). 

Des résultats identiques ont été obtenus, lors d'une étude d'une durée de 103 semaines chez le rat et la souris (rat : 0, 360 et 721 mg/kg; eau de consommation; souris : 0, 602 et 1 204 mg/kg) (NCI 1980, cité dans ATSDR 2008). 

Études chez le mâle
Aucun changement histopathologique n'a été observé dans les organes reproducteurs lors d'une étude chez le rat et la souris par ingestion d'une durée de 13 semaines (rat : 0 à 1 694 mg/kg; souris : 0 à 2 642 mg/kg: eau de consommation) (NCI 1980, cité dans ATSDR 2008). 

Des résultats identiques ont été obtenus, lors d'une étude d'une durée de 103 semaines chez le rat et la souris (rat : 0, 322 et 645 mg/kg; eau de consommation; souris : 0, 590 et 1 180 mg/kg) (NCI 1980, cité dans ATSDR 2008).

Effets sur la fertilité

Aucun effet n’a été observé sur la fertilité lors d’un essai sur deux générations chez le rat dans l’eau de boisson (Ryan et al. 2001).

Effets hormonaux

Aucun effet histopathologique n'a été observé pour plusieurs glandes (le pancréas, l'hypophyse, les surrénales, la thyroïde et les parathyroïdes) ainsi que pour les organes reproducteurs lors d'études de toxicité subchronique (13 sem.) et chronique (103 sem.) faites par ingestion chez le rat et la souris (NCI, 1980 cité dans ATSDR 2008). Ces données suggèrent l'absence d'un effet endocrinien (ATSDR 2008).

Effets sur l'allaitement 13 14

Mise à jour : 2014-01-22

  • Les données ne permettent pas de déterminer la présence du produit dans le lait.

Aucune donnée concernant l'excrétion du phénol dans le lait maternel chez l'humain n'a été trouvée dans les souces documentaires consultées. Le phénol est un constituant normal de l'organisme qui est produit de manière endogène lors du métabolisme de certains composés

Cancérogénicité 15 16 17

Mise à jour : 2010-07-16

Évaluation du C.I.R.C. : L'agent (le mélange, les circonstances d'exposition) ne peut pas être classé quant à sa cancérogénicité pour l'homme (groupe 3).
Évaluation de l'A.C.G.I.H. : Substance non classifiable comme cancérogène pour l'homme (groupe A4).

Selon le CIRC (1999), le phénol ne peut pas être classé cancérogène puisque les études chez l'humain et l'animal ne fournissent pas d'évidence adéquate. 

L'ACGIH (2001), le considère non classifiable comme cancérogène pour l'homme, car les études animales sont négatives ou inadéquates.  

Évaluation des autres aspects reliés à la cancérogénicité 

Une étude chez la souris a montré que l'ingestion de phénol (1,0 mg; 2 fois/sem,) combinée à l'ingestion de benzo(a) pyrène (1,0 mg) pendant 2,5 mois cause une augmentation de l'incidence de tumeurs malignes de l'estomac (Yanysheva et al. 1982, cités dans CIRC 1999).  

D'autres études chez la souris effectuées par application cutanée d'un cancérogène (DMBA) et de phénol ont rapporté une augmentation de tumeurs cutanées (CIRC 1989).

Note : le phénol a un effet promoteur de la cancérogenèse cutanée chez l’animal.

Mutagénicité16 18

Mise à jour : 2010-07-15

  • Les données ne permettent pas de faire une évaluation adéquate de l'effet mutagène.

Effet mutagène héréditaire / sur cellules germinales

Études chez l'animal

Une étude du bris d'ADN sur des testicules de rat a donné des résultats négatifs (voie intrapéritonéale)
(European Union Risk Assessment Report, 2006).

Effet sur cellules somatiques

Études chez l'animal

Quatre essais des micronoyaux ont été effectués sur la moelle osseuse de souris par voie orale. Deux furent négatifs et deux faiblement positifs. Sept essais ont été réalisés par voie intrapéritonéale, deux furent positifs, trois faiblement positifs et deux négatifs. 

Une étude des aberrations chromosomiques sur les cellules de la moelle osseuse du rat (voie orale et intrapéritonéale) s'est avérée négative. 

Aucune formation d’adduits d’ADN n'a été observée dans plusieurs organes de rat et de souris (moelle osseuse, foie, glande de zymbal) exposés par voie orale et intrapéritonéale. 

Une étude d'aneuploïdie (voie intrapéritonéale) s'est révélée négative sur la moelle osseuse de rat (CIRC 1999).

Études in vitro

De nombreuses études in vitro  ont été effectuées sur des cellules animales (lymphomes, embryonnaires, lymphocytes, pulmonaires, etc.) provenant de divers tissus de plusieurs espèces (humain, rat, souris, hamster chinois, etc.) lors de différents tests (aberrations chromosomiques, échange de chromatides soeurs, synthèse non programmée d'ADN, bris du simple brin d’ADN, formation d'adduits, micronoyaux, etc.). Les résultats des 26 études se répartissent comme suit : 13 positifs, 6 faiblement positifs, 7 négatifs (European Union Risk Assessment Report, 2006).

Références

  • ▲1.  Narotsky, M.G. et Kavlock, R.J., «A multidisciplinary approach to toxicological screening. II, Developmental toxicity.» Journal of Toxicology and Environmental Health. Vol. 45, no. 2, p. 145-171. (1995). [AP-047328]
  • ▲2.  Gray, J et Kavloc, R, «A pharmacokinetic analysis of phenol in the pregnant rat: deposition in the embryo and maternal tissues.» Teratology. Vol. 41, no. 5, p. 561. (1990).
  • ▲3.  Heinonen, O. P., Shapiro, S. et Slone, D., Birth defect and drugs in pregnancy, Littleton, Massachusetts : Publishing Sciences Group, 1977 [MO-000066]
  • ▲4.  Jones-Price, C. et al., Teratologic evaluation of phenol (cas no. 108-95-2) in cd rats.. Research Triangle Park, NC : Research Triangle Institute. (1983). Microfiche : PB83-247726
  • ▲5.  Jones-Price, C., Ledoux, T.A., Reel, J.R., Teratologic evaluation of phenol in cd-1 mice., 1983 Microfiche : PB85-104461, EDA/NCTR-84-133
  • ▲6.  Jankovic, J. et Drake, F., «A screening method for occupational reproductive health risk.» American Industrial Hygiene Association Journal. Vol. 57, no. 7, p. 641-649. (1996). [AP-049865]
  • ▲7.  Wennborg, H. et al., «Pregnancy outcome of personnel in Swedish biomedical research laboratories.» Journal of Occupational and Environmental Medicine. Vol. 42, no. 4, p. 438-446. (2000). [AP-058459]
  • ▲8.  Axelsson, G., Lütz, C. et Rylander, R., «Exposure to solvents and outcome of pregnancy in university laboratory employees.» British Journal of Industrial Medicine. Vol. 41, no. 3, p. 305-312. (1984). [AP-004021]
  • ▲9.  Lamm, S.H., Kutcher, J.S. et Morris, C.B., «Spontaneous abortions and glycol ethers used in the semiconductor industry: an epidemiologic review.» Occupational Hygiene. Vol. 2, no. 1-6, p. 339-354. (1996).
  • ▲10.  Agency for Toxic Substances and Disease Registry, Toxicological profile of phenol. Atlanta, GA : ATSDR. (2008).   http://www.atsdr.cdc.gov
    http://www.atsdr.cdc.gov/toxprofiles/tp115.pdf
  • ▲11.  Rryan, B. M. et al., «Two-generation oral (drinking water) reproductive toxicity study of phenol in rats .» International Journal of Toxicology. Vol. 20, no. 3, p. 141-142. (2001).
  • ▲12.  Hernberg, S. et al., «Congenital malformations and occupational exposure to disinfectants: a case-referent study.» Scandinavian Journal of Work, Environment & Health. Vol. 9, p. 55. (1983).
  • ▲13.  Miller, G. E. et Banerjee, N. C., «Drug movement between bovine milk and plasma affected by milk pH.» Journal of Dary Science. Vol. 50, no. 9, p. 1395-1403. (1967). [AP-045447]
  • ▲14.  Miller, G. E., Banerjee, N. C. et Stowe, C. M. Jr, «Diffusion of certain weak organic acids and bases across the bovine mammary gland membrane after systemic administration.» Journal of Pharmacology and Experimental Therapeutics. Vol. 157, no. 1, p. 245-253. (1967). [AP-045471]
  • ▲15.  IARC Working Group on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, Some organic solvents, resin monomers and related compounds, pigments and occupational exposures in paint manufacture and painting. IARC monographs on the evaluation of carcinogenic risks to humans, Vol. 47. Lyon : International Agency for Research on Cancer. (1989).   https://monographs.iarc.fr/wp-content/uploads/2018/06/mono47.pdf
    http://www.iarc.fr
  • ▲16.  IARC Working Group on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, Re-evaluation of some organic chemicals, hydrazine and hydrogen peroxide : part 1. IARC monographs on the evaluation of carcinogenic risks to humans, Vol. 71. Lyon : International Agency for Research on Cancer. (1999).   https://monographs.iarc.fr/wp-content/uploads/2018/06/mono71.pdf http://www.iarc.fr
  • ▲17.  American Conference of Governmental Industrial Hygienists, 2019 TLVs® and BEIs® : threshold limit values for chemical substances and physical agents and biological exposure indices. Cincinnati (OH) : ACGIH. (2022). [NO-003164]   http://www.acgih.org
  • ▲18.  Bureau européen des substances chimiques, European Union Risk Assessment Report : Phenol. 1st Priority List, Vol. 64. Luxembourg : Office for Official Publications of the European Communities. (2006). EUR 22522.   http://ecb.jrc.ec.europa.eu/esis/
    http://ecb.jrc.ec.europa.eu/DOCUMENTS/Existing-Chemicals/RISK_ASSESSMENT/REPORT/phenolreport060.pdf

La cote entre [ ] provient de la banque Information SST du Centre de documentation de la CNESST.