Programme pour une maternité sans danger (PMSD)
Propriétés physiques pertinentes 1 2 3
Mise à jour : 2005-06-20
État physique : |
Liquide |
Tension de vapeur : |
14,3 mm de Hg (1,91 kPa) à 20 °C Autre(s) valeur(s) : 18,2 mm de Hg (2,42 kPa) à 25 °C; 62,0 mm de Hg (8,27 kPa) à 50 °C; 171,8 mm de Hg (22,9 kPa) à 75 °C; 406,5 mm de Hg (54,2 kPa) à 100 °C |
Point d'ébullition : |
121,2 °C |
Solubilité dans l'eau : |
Peu soluble Autre(s) valeur(s) : 0,150 g/l à 25 °C |
Coefficient de partage (eau/huile) : |
0,0021 |
Masse moléculaire : |
165,83 |
Voies d'absorption
Mise à jour : 2005-06-17
Voies respiratoires : |
Absorbé |
Voies digestives : |
Absorbé |
Percutanée : |
Absorbé |
Mise à jour : 2005-06-17
- Il traverse le placenta chez l'animal.
- Les données ne permettent pas de faire une évaluation adéquate des effets sur le développement.
Placenta
Le transfert placentaire du perchloroéthylène radiomarqué et de son métabolite principal l'acide trichloroacétique a été montré chez la souris exposée par inhalation (jours 11, 14, 17 de la gestation) dans une étude de Ganthous et al. (1986).
Développement prénatal
Études chez l'humain
Hemminki et al. (1980) ont évalué le taux d'avortements spontanés chez des travailleuses finlandaises de l'industrie chimique de 1973 à 1976 à partir d'un registre concernant les issues de grossesse. Ils ont noté une augmentation significative comparativement à la population générale chez les travailleuses de ce secteur qui inclut la blanchisserie (nettoyage et nettoyage à sec).
Lindbohm et al. (1984) ont effectué une étude en utilisant le même registre que l'étude précédente, aussi de 1973 à 1976. Ils ont observé une augmentation du risque d'avortements spontanés chez les travailleuses du secteur de la blanchisserie.
Une étude rétrospective de Bosco et al. (1987) n'a pas montré d'augmentation significative du taux d'avortements chez des travailleuses d'établissements de nettoyage à sec. Les auteurs ont estimé par la mesure de l'acide trichloroacétique urinaire que l'exposition au perchloroéthylène était inférieure à 50 ppm. Le nombre de participantes était faible.
Aucune augmentation du taux d'avortements spontanés n'a été rapportée chez les travailleuses du secteur de la blanchisserie lors d'une étude canadienne effectuée de 1982 à 1984 par McDonald et al. (1987).
Kyyronen et al. (1989) ont effectué une étude à partir du registre finlandais (cité précédemment) couvrant la période de 1973 à 1983. Ils ont noté une association entre l'exposition au perchloroéthylène et le taux d'avortements spontanés chez les travailleuses des établissements de nettoyage à sec.
Une étude du type cas-témoin a été effectuée par Taskinen et al. (1989) à partir d'un registre finlandais concernant les issues de grossesse des conjointes de travailleurs exposés à des solvants (toluène, styrène, xylène, trichloroéthylène, perchloroéthylène, trichloro-1,1,1 éthane, acétone, etc.). Les résultats n’indiquent pas d’association entre une exposition quotidienne au perchloroéthylène et l'augmentation de la fréquence des avortements spontanés.
Lindbohm et al. (1990) ont effectué une étude auprès de travailleuses finlandaises ayant fait l'objet d'une surveillance biologique pour les solvants au cours des années 1965 à 1983 (styrène, toluène, xylène, perchloroéthylène, trichloroéthylène, trichloro-1,1,1 éthane, etc.). Il y a eu une augmentation significative des avortements chez un petit groupe travaillant dans l'industrie de la chaussure.
Olsen et al. (1990) ont étudié les issues de grossesse de travailleuses du nettoyage à sec dans les pays scandinaves. Ils ont noté une augmentation du risque d'avortements spontanés chez les travailleuses finlandaises du groupe ayant l'exposition la plus élevée.
Une étude américaine de type cas-témoin faite par Windham et al. (1991), a noté une augmentation du risque des avortements spontanés chez les travailleuses exposées au perchloroéthylène. L'évaluation de l'exposition a été réalisée par entrevue téléphonique.
Une étude rétrospective du type cas-témoin a été effectuée par Taskinen et al. (1994) concernant les issues de grossesse de travailleuses de laboratoire exposées simultanément à divers solvants (toluène, styrène, xylène, perchloroéthylène, trichloroéthylène, trichloro-1,1,1 éthane, acétone, etc.). Les résultats n’indiquent pas d’association entre une exposition quotidienne au perchloroéthylène et l'augmentation de l’incidence des issues défavorables de la grossesse.
Doyle et al. (1997) ont réalisé une étude rétrospective chez les travailleuses de l'industrie du nettoyage à sec du Royaume-Uni. Les résultats indiquent une augmentation significative du risque d'avortements spontanés chez les travailleuses occupant le poste d'opératrice de machines.
Note :
- Aucune conclusion définitive ne peut être tirée des résultats de ces diverses études puisqu'elles présentent des limitations (manque de donnée sur l'exposition, petits groupes d'études, biais méthodologiques, facteurs confondants, exposition mixte, méconnaissance du taux basal d'avortements spontanés).
- Quelques-unes de ces études ont aussi étudié les malformations. Elles n'ont pas montré d'association entre l'exposition au perchloroéthylène et une augmentation de l'incidence des malformations.
Bove et al. (2002) ont effectué une revue de 14 études publiées concernant les sous-produits de désinfection provenant de la chloration de l’eau potable, notamment les trihalométhanes, et les issues de grossesse. Parmi ces études, une concernait principalement le perchloroéthylène et une autre des solvants dont le perchloroéthylène. L'association entre l’exposition et les effets (malformations cardiaques, tube neural, fente labiopalatine), poids à la naissance, mortalité foetale et autres) ne s’est pas montrée suffisamment évidente pour conclure à cause de biais (mauvaise classification de l’exposition) et nécessite plus de recherche.
Études chez l'animal
Exposition par inhalation
Schewtz et al. (1975) ont exposé des rats et des souris (0 et 300 ppm; 7h/j; jours 6 à 15 de la gestation). Une augmentation significative du pourcentage de résorptions a été observée en présence de toxicité maternelle (diminution du gain de poids) chez le rat. Une diminution significative du poids foetal, un retard d'ossification et une anomalie des tissus mous (oedème sous-cutané) ont été notés chez la souris en présence de toxicité maternelle (augmentation significative du poids relatif du foie). Aucune malformation n'a été rapportée. Une seule dose a été utilisée.
Hardin et al. (1981) n’ont pas observé de malformation, de toxicité prénatale et de toxicité maternelle lors d’une étude préliminaire chez le rat (0 et 500 ppm pendant 6 à 7 h/j; jours 1 à 19 de la gestation) et chez le lapin (0 et 500 ppm pendant 6 à 7 h/j; jours 1 à 24 de la gestation). Une seule dose a été testée et il y a peu de données concernant la toxicité maternelle.
Une étude de Tepe et al. (1982) rapporte de l'embryotoxicité en présence de toxicité maternelle chez des rats exposés (0 et 100 ppm; 6 h/j; pendant la période préaccouplement et la gestation ou des jours 0 à 20 de la gestation). Il s'agit d'un résumé d'étude cité dans l'ECETOC (1999). Une seule dose a été utilisée.
Exposition par ingestion
Narotsky et al. (1995) ont exposé des rats par gavage (0, 900 et 1 200 mg/kg; jours 6 à 15 de la gestation). Ils ont noté une augmentation significative des résorptions complètes ainsi qu'une augmentation de l'incidence de malformations (microphtalmie ou anophtalmie) en présence de toxicité maternelle (diminution significative du gain pondéral, ataxie) aux deux doses testées.
Note :
Diverses opinions ainsi que des estimations quantitatives du risque pour le développement ont été publiées. Nous vous suggérons de vous référer aux documents suivants : Swedish National Chemicals Inspectorate, 1990; Stijkel et Reijnders, 1995; Jankovic et Drake, 1996.
Développement postnatal
Nelson et al. (1980) ont évalué les effets sur le développement postnatal (batterie de tests neurocomportementaux, histopathologie, neurotransmetteurs) chez des ratons dont les mères ont été exposées par inhalation à différentes périodes et concentrations (groupe 1 : 0 et 100 ppm; 7h/j; jours 14 à 20 de la gestation; groupe 2 : 0 et 900 ppm; 7h/j; jours 7 à 13 de la gestation; groupe 3 : 0 et 900 ppm; 7h/j; jours 14 à 20 de la gestation). Aucun effet n'a été mis en évidence chez les ratons issus du groupe 1. Les auteurs ont noté chez les ratons du groupe 2, une diminution significative de la performance lors de la réalisation de deux tests mesurant la coordination musculaire, seulement à certains jours (ascension aux jours 10 et 14, roue tournante au jour 25). Dans le groupe 3, ils ont observé une diminution significative de la perfomance pour les mêmes tests (ascension au jour 14, roue tournante aux jours 21et 25) ansi qu'une augmentation significative de l'activité exploratrice aux trois jours testés (jours 30, 31,32). Lors des quatre autres tests neurocomportementaux effectués aucune modification n'a été observée. Aucun changement histopathologique n'a été noté dans le cerveau des ratons au jour 21. Les résultats concernant les neurotransmetteurs indiquent une diminution significative du niveau d'acétylcholine au jour 21 dans les deux groupes et une diminution significative du niveau de dopamine dans le groupe 2. De la toxicité maternelle a été notée chez les mères du groupe 2 (diminution significative de la consommation d'aliments).
Kyrklund et al. (1991) ont noté une légère diminution de la quantité d'acide stéarique dans le cortex cérébral chez des rejetons cochon d'Inde dont les mères avaient été exposées par inhalation (0 et 160 ppm; 24h/j; jours 33 à 65 de la gestation). Les auteurs mentionnent que des changements similaires ont été observés chez des rats adultes exposés au perchloroéthylène et que l'exposition in utero ne semble pas produire de changements plus importants que ceux observés chez des animaux adultes. Il s'agit d'un résumé d'étude.
Lors d'une étude sur deux générations effectuée chez le rat par inhalation (0, 100, 300 et 1 000 ppm; 6h/j; 5j/sem. pendant 11 semaines avant l'accouplement, puis jusqu'au jour 20 de la gestation pour les femelles et ensuite pendant la lactation). La taille des portées et le taux de survie des rejetons étaient réduits à 1 000 ppm. Des signes de toxicité ont été observés à cette concentration, une diminution significative du gain de poids parental pendant la période préaccouplement et de lactation pour les deux générations et pendant la période de gestation pour la deuxième génération accompagnés de changements histopathologiques dans les reins des deux sexes pour les deux générations (Tinston et al. 1995).
Mise à jour : 2005-06-17
- Les données ne permettent pas de faire une évaluation adéquate des effets sur la reproduction.
Système reproducteur
Études chez la femelle
Une étude de Zielhuis et al. (1989) rapporte des troubles menstruels chez des travailleuses du secteur du nettoyage à sec. Cette étude dont seul le résumé est disponible présente des limitations (absence d'information sur l'exposition, faible nombre de cas, biais méthodologiques) (citée dans l'ECETOC 1999).
Chez l'animal
Une étude de toxicité chronique effectuée par gavage chez le rat et la souris à des doses qui ont causé une augmentation de la mortalité n'a pas montré de changement histopathologique dans les ovaires (NCI 1977, citée dans l'ATSDR 1997).
Études chez le mâle
Eskenazi et al. (1991) n'ont pas noté de différence dans la qualité du sperme (concentration, nombre de spermatozoïdes, mobilité, vélocité, % de formes anormales) chez des travailleurs d'une industrie de nettoyage à sec. Ils ont observé que les spermatozoïdes tendent à prendre une forme plus ronde et moins effilée et effectuent plus de mouvements latéraux. L'exposition moyenne a été évaluée par la mesure du perchloroéthylène dans l'air expiré.
Chez l'animal
Une étude de toxicité chronique effectuée par gavage chez le rat et la souris à des doses qui ont causé une augmentation de la mortalité n'a pas montré de changement histopathologique dans les testicules (NCI 1977, citée dans l'ATSDR 1997).
Beliles et al. (1980) ont observé une augmentation significative d'anomalies spermatiques chez des souris, 4 semaines après une exposition par inhalation, à la plus dose la plus élevée (pureté 91,4 %; 0, 100 et 500 ppm; 7h/j; pendant 5 jours). Aucun effet n'a été rapporté chez des rats exposés exposés selon le même protocole.
Tinston et al. (1995) ont effectué étude sur deux générations chez le rat par inhalation (0, 100, 300 et 1 000 ppm; 6h/j; 5j/sem. pendant 11 semaines avant l'accouplement, puis jusqu'au jour 20 de la gestation pour les femelles et ensuite pendant la lactation). Une diminution significative du poids des testicules à 300 et 1 000 ppm a été notée chez les adultes de la deuxième génération, sans changement histopathologique. Les auteurs mentionnent que la signification de cette réduction est incertaine.
Fertilité
Chez l'humain
Une étude de Rachootin et al. (1983) chez des couples infertiles dont la cause est indéterminée mentionne que le travail dans le secteur du nettoyage à sec pourrait causer des anomalies spermatiques et des perturbations hormonales. Il s'agit d'une étude exploratoire qui ne fournit aucune information sur l'exposition des couples.
Eskenazi et al. (1991) ont noté que le temps requis pour devenir enceinte est plus long chez les conjointes de travailleurs exposés au perchloroéthylène dans le secteur du nettoyage à sec. Ils mentionnent toutefois que le nombre de participants est faible. L'exposition moyenne a été évaluée par la mesure du perchloroéthylène dans l'air expiré.
Sallmen et al. (1998) n’ont trouvé aucune association entre l'exposition de travailleurs à des solvants organiques, dont le perchloroéthylène, et la fertilité (en évaluant le nombre de cycles menstruels nécessaires pour que leurs conjointes deviennent enceintes).
Sallmen et al. (1995) n'ont pas relevé d'augmentation significative du délai (en nombre de cycles menstruels) nécessaire pour concevoir chez 20 travailleuses ayant fait l'objet d'une surveillance biologique pour les solvants au cours des années 1965 à 1983 (styrène, toluène, xylène, trichloroéthylène, trichloro-1,1,1 éthane, etc.).
Chez l'animal
Aucun effet sur la fertilité des mâles et des femelles n'a été observé lors d'une étude sur deux générations effectuée chez le rat par inhalation (0, 100, 300 et 1 000 ppm; 6h/j; 5j/sem; pendant 11 semaines avant l'accouplement, puis jusqu'au jour 20 de la gestation pour les femelles et ensuite pendant la lactation) (Tinston et al. 1995).
Une étude dont le protocole n'est pas adéquat, n'a pas rapporté d'effet sur la fertilité de rats exposés par inhalation (0, 230 et 470 ppm pendant 7 mois) (Carpenter et al. 1937, citée dans l'ATSDR 1997).
Hormonal
Feroni et al. (1992) ont mesuré le taux de prolactine sérique chez des travailleuses exposées à du perchloroéthylène (concentration moyenne de 15 ppm). Selon les auteurs, ce taux était significativement plus élevé pendant dans la phase proliférative du cycle menstruel. L'ATSDR mentionne que le taux chez les travailleuses exposées et celui chez le groupe contrôle se situe dans les valeurs normales.
Un document du Swedish National Chemicals Inspectorate (1990) mentionne qu'il est peu probable que le perchloroéthylène affecte le métabolisme des oestrogènes chez le rat.
Effets sur l'allaitement 35 36 37 38 39 40
Mise à jour : 2005-06-17
- Il est trouvé dans le lait maternel chez l'humain.
Bagnell et Ellenberger (1977) ont rapporté le cas d’un enfant de six semaines qui a développé un ictère par rétention et une hépatomégalie en l’absence d’hépatotoxicité parentale. Il était allaité par la mère qui n’avait pris aucun médicament durant l’allaitement. Le père travaillait dans une entreprise de nettoyage à sec et la mère le visitait pendant les heures du lunch. Elle éprouvait parfois des étourdissements au cours de sa visite. Les analyses ont permis de déceler du perchloroéthylène dans le sang de la mère (0,3 mg/dl, 2 heures après la visite) et dans le lait (1,0 mg/dl après 1 heure de visite et 1,0 mg/dl après 24 heures). La santé de l’enfant s’est améliorée après l’arrêt de l’exposition maternelle. Cependant, l’association avec le perchloroéthylène ne peut être établie avec certitude à cause d’une hypothétique origine virale de l’atteinte hépatique.
Sheldon et al. (1985) ont mesuré des concentrations de percholoroéthylène variant de 6,2 µg/l à 43 µg/l dans le lait de mères non exposées professionnellement (1,1-210 µg/m³).
Schreider et al. (1993) ont estimé à l'aide d'un modèle pharmacocinétique à base physiologique (PBPK) que les concentrations dans le lait maternel se situeraient entre 857et 8 440 µg/l chez des travailleuses exposées selon trois scénarios (8 heures par jour à des concentrations de 40, 170 ou 340 mg/ m³). Les quantités ingérées par un enfant de 7,2 kg varieraient de 0,08 à 0,82 mg/kg/jour.
Une méthode de modélisation mathématique a été utilisée afin d'estimer quantitativement le transfert lacté de plusieurs contaminants dont le perchloroéthylène (Fisher et al., 1997). La quantité ingérée via le lait a été estimée (modèle pharmacocinétique à base physiologique) à 1,36 mg pour un enfant allaité (24 heures) lorsque la mère est exposée par inhalation à une concentration de 25 ppm (exposition intermittente pendant 6½ heures sur une période de 8 heures). Signalons, à titre indicatif, que la valeur recommandée par l'Environmental Protection Agency des États-Unis (pour protéger des effets néfastes autres que l’effet cancérogène) pour la consommation d'eau potable est de 2 mg/l pour un enfant de 10 kg qui ingèrerait 1litre par jour pendant 10 jours d'eau contaminée par le perchloroéthylène (United States Environmental Protection Agency et Office of Water, 2002).
Mise à jour : 2014-11-11
Évaluation du R.S.S.T. : |
Effet cancérogène démontré chez l'animal. Pour ces substances, les résultats des études relatives à la cancérogénicité chez l'animal ne sont pas nécessairement transposables à l'humain. |
Évaluation du C.I.R.C. : |
L'agent (le mélange) est probablement cancérogène pour l'homme (groupe 2A). |
Évaluation de l'A.C.G.I.H. : |
Cancérogène confirmé chez l'animal; la transposition à l'humain est inconnue (groupe A3). |
Évaluation du N.T.P. : |
La substance est raisonnablement anticipée cancérogène (R). |
Le CIRC (2014) considère que le perchloroéthylène est probablement cancérogène pour l'homme (groupe 2A). Cette évaluation est basée, entres autres, sur des associations positives pour le cancer de la vessie chez l'humain.
L'ACGIH (2005) le considère comme un cancérogène confirmé chez l'animal puisque les études chez la souris et le rat exposé à des doses relativement fortes montrent un effet cancérogène. Il mentionne également que la transposition à l'humain est inconnue.
Selon le NTP (2005), il est raisonnablement anticipé cancérogène puisque les évidences de cancer sont suffisantes chez l'animal.
Études chez l'humain
Une revue de 48 études épidémiologiques a été effectuée par Mundt et al. (2003). Les auteurs concluent que les données épidémiologiques disponibles ne permettent pas d'affirmer qu'une exposition professionnelle au perchloroéthylène soit un facteur de risque de cancer pour aucun site spécifique.
Études chez l'animal
Une étude chez la souris par inhalation (0, 100 et 200 ppm, 6h/j; 5j/sem. pendant 2 ans) a montré une augmentation significative de l'incidence des adénomes et des carcinomes hépatocellulaires chez les animaux des deux sexes (NTP 1986). Chez le rat, une augmentation significative de l'incidence de la leucémie a été observée pour les deux sexes ainsi qu'une augmentation non significative de l'incidence des adénocarcinomes des cellules des tubules rénaux, chez les mâles seulement (0, 200 et 400 ppm; 6h/j; 5j/sem. pendant 2 ans) (NTP 1986).
Par voie orale, chez la souris une augmentation significative de l'incidence des carcinomes hépatocellulaires a été notée chez les animaux des deux sexes (0, 386, 536, 772 et 1 072 mg/kg; 5j/sem. pendant 78 semaines) (NCI 1977, cité dans l'IARC 1995). Une étude a aussi été effectuée chez le rat par la même voie, mais elle a été jugée inadéquate pour évaluer le potentiel cancérogène à cause d'un taux élevé de mortalité.
Mécanisme de cancérogénicité
Il a été proposé que l'induction des tumeurs hépatiques chez la souris soit imputable au métabolite du perchloroéthylène, l'acide trichloroacétique. Les tumeurs rénales observées chez le rat pourraient être dues à une néphropathie chronique induite par une protéine l'alpha-2-micro-globuline. Ce mécanisme est spécifique au rat mâle.
Évaluation des autres aspects reliés à la cancérogénicité
Deux études par voie cutanée chez la souris n'ont pas permis de mettre en évidence d'effet initiateur ou promoteur de la cancérogenèse (INERIS 2005).
Trois études in vitro de transformation cellulaire ont été effectuées, deux résultats sont négatifs (souris, hamster chinois) et un positif chez le rat.
Mutagénicité4 28 30 42
Mise à jour : 2005-06-17
- Les données ne permettent pas de faire une évaluation adéquate de l'effet mutagène.
Effet mutagène héréditaire / sur cellules germinales
Études chez l'animal
Beliles et al. (1980) ont obtenu une réponse négative lors d'un test de dominance létale chez le rat par inhalation (pureté 91,4 %; 0, 100 et 500 ppm; 7h/j; 5j/sem. pendant 7 semaines).
Effet sur cellules somatiques
Études chez l'humain
Un test d'échange de chromatides soeurs et un test d'aberrations chromosomiques sur des lymphocytes de travailleurs ont donné des résultats négatifs.
Études chez l'animal
Les études de la liaison protéine - ADN ont donné des résultats négatifs chez la souris et le rat exposés par inhalation ou ingestion et positifs par voie non usuelle en milieu de travail (injection intrapéritonéale).
Un test d'aberrations chromosomiques était négatif sur la moelle osseuse de rat (par inhalation) et de souris (par injection intrapéritonéale).
Une étude sur le bris de l’ADN à simple brin s'est avérée positive chez la souris (injection intrapéritonéale).
Études in vitro
Une étude de la liaison protéine - ADN a donné des résultats positifs.
Sept tests sur des cellules de mammifères ont donné des résultats négatifs (aberrations chromosomiques, échange de chromatides soeurs, mutation génique, synthèse non programmée de l'ADN).
Références
- ▲1. Institut national de l'environnement industriel et des risques (INERIS), Fiche de données toxicologiques et environnementales des substances chimiques. Tétrachloroéthylène. (2005). http://www.ineris.fr/ Dans Rapports d'étude, Toxicologie et environnement, Fiche de données
- ▲1. Institut national de l'environnement industriel et des risques (INERIS), Fiche de données toxicologiques et environnementales des substances chimiques. Tétrachloroéthylène. (2005). http://www.ineris.fr/ Dans Rapports d'étude, Toxicologie et environnement, Fiche de données
- ▲2. Lide, D.R., Handbook of organic solvents. Boca Raton : CRC Press. (1995). [RM-515101]
- ▲3. Kroschwitz, J.I., Kirk-Othmer encyclopedia of chemical technology : chemoinformatics to coal liquefaction. Vol. 6, 5th ed. Hoboken (N.J.) : John Wiley & Sons. (2004-). [RT-423004]
- ▲4. Centre d'écologie et de toxicologie de l'industrie chimique européenne, Tetrachloroethylene. JACC report / ECETOC; 39. Bruxelles : ECETOC. (1999). http://www.ecetoc.org/wp-content/uploads/2014/08/JACC-039.pdf
http://www.ecetoc.org/jacc-reports
- ▲5. Hardin, B.D.B. et al., «Testing of selected workplace chemicals for teratogenic potential.» Scandinavian Journal of Work, Environment & Health. Vol. 7, p. 66-75. (1981). [AP-038909]
- ▲6. Narotsky, M.G. et Kavlock, R.J., «A multidisciplinary approach to toxicological screening. II, Developmental toxicity.» Journal of Toxicology and Environmental Health. Vol. 45, no. 2, p. 145-171. (1995). [AP-047328]
- ▲7. Bove, F., Shim, Y. et Zeitz, P., «Drinking water contaminants and adverse pregnancy outcomes : a review.» Environmental Health Perspectives. Vol. 110, no. Suppl. 1, p. 61-74. (2002). http://www.mindfully.org/Water/Water-Adverse-PregnancyFeb02.htm
- ▲8. Schwetz, B.A., Leong, B.K.L. et Gehring, P.J., «The effect of maternally inhaled trichloethylene, perchloroethylene, methyl chloroform and methylene chloride on embryonal and fetal development in mice and rats.» Toxicology and Applied Pharmacology. Vol. 32, p. 84-96. (1975). [AP-003536]
- ▲9. Taskinen, H. et al., «Spontaneous abortions and congenital malformations among the wives of men occupationally exposed to organic solvents.» Scandinavian Journal of Work, Environment & Health. Vol. 15, no. 5, p. 345-352. (1989). [AP-027750]
- ▲10. Swedish National Chemicals Inspectorate, Effects on reproduction of tri- and tetrachloroethylene. Solna, Sweden : Swedish National Chemicals Inspectorate . (1990). [MO-001675]
- ▲11. Jankovic, J. et Drake, F., «A screening method for occupational reproductive health risk.» American Industrial Hygiene Association Journal. Vol. 57, no. 7, p. 641-649. (1996). [AP-049865]
- ▲12. Taskinen, H. et al., «Laboratory work and pregnancy outcome.» Journal of Occupational Medicine. Vol. 36, no. 3, p. 311-319. (1994). [AP-044090]
- ▲13. Lindbohm, M.-L. et al., «Spontaneous abortions among women exposed to organic solvents.» American Journal of Industrial Medicine. Vol. 17, no. 4, p. 449-463. (1990).
- ▲14. Ghantous, H. et al., «Trichloroacetic acid accumulates in murine amniotic fluid after tri- and tetrachloroethylene inhalation.» Acta Pharmacologica et Toxicologica. Vol. 58, p. 105-114. (1986). [AP-046750]
- ▲15. Windham, G.C. et al., «Exposure to organic solvents and adverse pregnancy outcome.» American Journal of Industrial Medicine. Vol. 20, no. 2, p. 241-259. (1991). [AP-034158]
- ▲16. Stijkel, A. et Reijnders, L., «Implementation of the precautionary principle in standards for the workplace.» Occupational and Environmental Medicine. Vol. 52, p. 304-312. (1995). [AP-047771]
- ▲17. Nelson, B.K. et al., «Behavioral teratology of perchloroethylene in rats.» Journal of Environmental Pathology and Toxicology. Vol. 3, p. 233-250. (1980). [AP-046087]
- ▲18. Kyrklund, T. et Haglid, K.G., «Brain lipid and fatty acid composition of the cerebral cortex of guinea pig pups after intrauterine exposure to perchloroethylene.» Journal of Neurochemistry. Vol. 52, no. Suppl. , p. S115. (1989).
- ▲19. Zeneca Cntrl Toxicol Lab., Perchloroethylene : multigeneration inhalation study in the rat, with cover letter dated 07/06/95. (1995). Microfiche : OTS0557702, EPA/OTS; Doc #86950000190
- ▲20. Hemminki, K., Franssila, E. et Vainio, H., «Spontaneous abortions among female chemicals workers in Finland.» International Archives of Occupational and Environmental Health. Vol. 45, p. 123-126. (1980).
- ▲21. Bosco, M., Figa-Talamanca, I. et Salerno, S., «Health and reproductive status of female workers in dry cleaning shops.» International Archives of Occupational and Environmental Health. Vol. 59, p. 295-301. (1986). [AP-015312]
- ▲22. Lindhom, M., Hemminki, K et Kyyronen, P., «Parental exposure and spontaneous abortions in Finland.» American Journal of Epidemiology. Vol. 120, p. 370-378. (1984).
- ▲23. McDonald, A., McDonald, J. et Armstrong, B., «Occupation and pregnancy outcome.» Acta Dermato-Venereologica. Vol. 44, p. 521-526. (1987). [AP-015747]
- ▲24. Kyyronen, P., Taskinen, H. et Lindhom, M., «Spontaneous abortions and congenital malformations among women exposed to tetrachloroethylene in dry cleaning.» Journal ot Epidemiology and Community Health . Vol. 43, p. 346-351. (1989). [AP-029066]
- ▲25. Olsen, J., Hemminki, K. et Ahlborg, G., «Low birthweight, congenital malformations, and spontaneous abortions among dry-cleaning workers in Scandinavia.» Scandinavian Journal of Work, Environment & Health. Vol. 16, p. 163-168. (1990). [AP-033707]
- ▲26. Doyle, P., Roman, E. et Beral, V., «Spontaneous aborption in dry cleaning workers potentially exposed to perchloroethylene.» Occupational and Environmental Medicine. Vol. 54, p. 848-853. (1997). [AP-054465]
- ▲27. Sallmen, M. et al., «Reduced fertility among women exposed to organic solvents.» American Journal of Industrial Medicine. Vol. 27, no. 5, p. 699-713. (1995). [AP-047233]
- ▲28. Beliles, R., Brusick, D.J. et Mecler, F.J., Teratogenic mutagenic risk of workplace contaminants : trichloroethylene perchloroethylene and carbon disulfide.. (1980). [MO-001417], Microfiche : PB82-185075
- ▲29. Sallmén, M. et al., «Time to pregnancy among the wives of men exposed to organic solvents.» Occupational and Environmental Medicine. Vol. 55, no. 1, p. 24-30. (1998). [AP-054473]
- ▲30. Agency for Toxic Substances and Disease Registry, Toxicological profile for tetrachloroethylene (update). Atlanta [GA] : ATSDR. (1997). http://www.atsdr.cdc.gov/ToxProfiles/tp18.pdf
http://www.atsdr.cdc.gov/
- ▲31. Ferroni, C. et al., «Neurobehavioral and neuroendocrine effects of occupational exposure to perchloroethylene.» NeuroToxicology. Vol. 13, p. 243-247. (1992).
- ▲32. Eskenazi, B., Wyrobek, A. et Fenster, L., «A study of the effect of perchloroethylene exposure on semen quality in dry cleaning workers.» American Journal of Industrial Medicine. Vol. 20, p. 575-591. (1991). [AP-038017]
- ▲33. Eskenazi, B., Wyrobek, A. et Fenster, L., «A study of the effect of perchloroethylene exposure on the repoductive outcomes of wives of dry-cleaning workers.» American Journal of Industrial Medicine. Vol. 20, p. 593-600. (1991).
- ▲34. Rachootin, P. et Olsen, J., «The risk of infertuility and delayed conception associated with exposures in the danish workplace .» Journal of Occupational Medicine. Vol. 25, no. 2, p. 394-402. (1983). [AP-052412]
- ▲35. Fisher, J. et al., «Lactational transfer of volatile chemicals in breast milk.» American Industrial Hygiene Association Journal. Vol. 58, no. 6, p. 425-431. (1997). [AP-051996]
- ▲36. Schreiber, J.S., «Transport of organic chemical to breast milk; tetrachloroethylene case study.» In: Environmental toxicology and pharmacology of human development. , p. 95-143. (1997). [MO-019644]
- ▲37. Bagnell, C. et Ellengerger, H.A., «Obstructive jaundice due to a chlorinated hydrocarbon in breast milk.» Canadian Medical Association Journal. Vol. 117, p. 1047-1048. (1977). [AP-022221]
- ▲38. Sheldon, L.S. et al., Human exposure assessment to environmentals chemicals - Nursing mothers study. (1985).
- ▲39. United States Environmental Protection Agency et Office of Water, Drinking Water Standards and Health Advisories. Washington. (2004).
- ▲40. Schreiber, J., «Predicted infant exposure to tetrachoroethylene in human breastmilk.» Risk Analysis. Vol. 13, no. 5, p. 515-524. (1993).
- ▲41. Règlement sur la santé et la sécurité du travail [S-2.1, r. 13]. Québec : Éditeur officiel du Québec. [RJ-510071] http://legisquebec.gouv.qc.ca/fr/ShowDoc/cr/S-2.1,%20r.%2013
- ▲42. IARC Working Group on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, Dry cleaning, some chlorinated solvents and other industrial chemicals. IARC monographs on the evaluation of carcinogenic risks to humans, Vol. 63. Lyon : International Agency for Research on Cancer. (1995). https://monographs.iarc.fr/wp-content/uploads/2018/06/mono63.pdf
http://www.iarc.fr
- ▲43. IARC Working Group on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, Trichloroethylene, tetrachloroethylene and some others chlorinated agents. IARC monographs on the evaluation of carcinogenic risks to humans, Vol. 106. Lyon : International Agency for Research on Cancer. (2014). http://monographs.iarc.fr/
http://monographs.iarc.fr/ENG/Monographs/vol106/index.php
- ▲44. American Conference of Governmental Industrial Hygienists, TLVs® and BEIs® : threshold limit values for chemical substances and physical agents and biological exposure indices. Cincinnati (OH) : ACGIH. (2024). [NO-003164] http://www.acgih.org
- ▲45. Report on Carcinogens, 15th edition. Research Triangle Park, NC : U.S. Department of Health and Human Services, Public Health Service, National Toxicology Program. (2021). https://ntp.niehs.nih.gov/pubhealth/roc/index-1.html
- ▲46. American Conference of Governmental Industrial Hygienists, 2022 TLVs and BEIs with 7th edition documentation CD-ROM. Cincinnati, OH : ACGIH. (2022). Publication 0111CD. [CD-120061] http://www.acgih.org
- ▲47. (U.S) National Toxicology Program, Toxicology and carcinogenesis studies of tetrachloroethylene (perchloroethylene) (Cas no. 127-18-4) in F344/N Rats and B6C3F1 mice (inhalation studies). Research Triangle park, NC : Research Triangle Park. (1986). Microfiche : PB87-147054
- ▲48. Report on Carcinogens, 11th edition. Research Triangle Park, NC : U.S. Department of Health and Human Services, Public Health Service, National Toxicology Program. (2005). http://ntp.niehs.nih.gov/index.cfm?objectid=32BA9724-F1F6-975E-7FCE50709CB4C932
- ▲49. Mundt, K., Birk, T. et Burch, M., «Critical review of the epidemiological literature on occupational exposure to perchloroethylene and cancer.» International Archives of Occupational and Environmental Health. Vol. 76, p. 473-491. (2003). [AP-063690]
La cote entre [ ] provient de la banque Information SST du Centre de documentation de la CNESST.