Répertoire toxicologiqueFiche complète
Noms français :
Noms anglais :
Les fumées de manganèse sont généralement constituées d'un mélange d'oxydes de manganèse. La nature exacte de ces oxydes n'est pas précisée mais peu inclure entre autres, le dioxyde de manganèse, le tétroxyde de manganèse et le trioxyde de manganèse.
Pour plus d'informations sur le manganèse, consulter : Manganèse (métal)
Sources d'émission
En milieu de travail, les fumées de manganèse peuvent être émises lors des procédés où des matériaux contenant du manganèse sont chauffés, fondus ou brûlés, notamment :
La teneur en manganèse de ces alliages est généralement inférieure à 2%. Cependant, certains aciers peuvent en contenir jusqu'à 16 %. Le matériel d'apport peut être une source plus importante de fumée de manganèse que les pièces à souder, par exemple, dans le cas du soudage des aciers faiblement alliés par le procédé de soudage à l'arc avec électrode enrobée (SMAW). La fiche signalétique et les spécifications des alliages et du matériel d'apport de soudage devraient être consultées pour connaître leur teneur en manganèse.
Mise à jour : 2017-02-28
Les fumées de manganèse émises lors de la préparation de l'acier sont majoritairement constituées de particules de taille inférieure à 1 µ alors que, dans les fumées de soudage, leur taille varie de 0,001 à 100 µ.
Les voies respiratoires, la peau et les yeux peuvent être exposés aux fumées de manganèse.
L'exposition aux fumées de manganèse varie en fonction de multiples facteurs, dont le niveau de confinement, le type d'opération exécutée, le procédé utilisé et la teneur en manganèse des matériaux utilisés.
Le manganèse étant rarement utilisé à l'état pur, l'exposition aux fumées de manganèse s'accompagne généralement d'une exposition à d'autres types de fumées. Seule l'utilisation d'un instrument de mesure permet d'identifier le produit et d'en quantifier la concentration.
La VEMP de 0,2 mg/m3 peut facilement être atteinte en milieu de travail si des manipulations ou des opérations mécaniques génèrent une fumée de manganèse. La VEMP étant 2500 fois plus basse que la valeur de DIVS (500 mg/m³), un contrôle de la VEMP permet de prévenir l'atteinte de la valeur de DIVS.
Mise à jour : 2009-05-14
Se référer à la méthode d'analyse 7-3 de l'IRSST.
Pour obtenir la description de cette méthode, consulter le Guide d'échantillonnage des contaminants de l'air en milieu de travail ou le site Web de l'IRSST à l'adresse suivante:
http://www.irsst.qc.ca/-RSST7439-96-5-F1.html
Les possibilités de quantifier l'exposition au manganèse par une méthode biologique sont encore très limitées. L'ensemble des données disponibles suggère que la surveillance biologique des niveaux de manganèse sanguin ou urinaire peut être utile pour déterminer qu'un groupe est plus exposé qu'un autre, mais les valeurs individuelles ont une signification très limitée. En effet, au niveau individuel, la corrélation entre le manganèse sanguin ou urinaire et l'intensité de l'exposition ou la gravité des manifestations cliniques n'est pas bonne. Des données suggèrent que le manganèse sanguin serait un reflet de la charge corporelle tandis que le manganèse urinaire serait un indicateur d'une exposition récente.
Chez les personnes non exposées, la concentration sanguine de manganèse est normalement inférieure à 360 nmol/l.
Pour obtenir plus de détails, consulter le «Guide de surveillance biologique de l'IRSST - prélèvement et interprétation des résultats» ou le site WEB de l'IRSST à l'adresse suivante: http://www.irsst.qc.ca/fr/_publicationirsst_336.html
L'exposition à ce produit requiert de la formation et de l'information préalables.
L'exposition à un produit doit être conforme aux dispositions de la LSST et de ses règlements, tels que le RSST, le RSSM et le CSTC. Pour en savoir plus.
La mise en place de mesures de prévention des dangers liés à la manipulation ou à l'exposition à des produits utilisés ou générés en milieu de travail doit se faire selon une démarche hiérarchisée comprenant les étapes suivantes : l'élimination à la source, le remplacement, le contrôle technique, la sensibilisation à la présence du risque (alarme sonore ou visuelle), les mesures administratives et les équipements de protection individuelle. Dans une perspective de prévention, la CNESST a développé un outil pratique qui vise à aider les milieux de travail à identifier, corriger et contrôler les risques pouvant affecter la santé et la sécurité des travailleurs.
Ne pas respirer les poussières ou les fumées. Se laver les mains soigneusement après exposition. Ne pas manger, boire ou fumer en travaillant dans un environnement avec des fumées de manganèse. Porter un appareil de protection respiratoire approprié, lorsque tous les autres moyens de prévention n'ont pas permis de respecter les valeurs d'exposition admissibles.
Mise à jour : 2009-05-13
Les fumées de manganèse sont absorbées par les voies respiratoires.
Le manganèse est un élément essentiel.
Absorption
Distribution
Métabolisme
Le manganèse se trouve dans l'organisme sous divers degrés d'oxydation (II, III, et possiblement IV) où il semble qu'il puisse y subir des modifications de l'état d'oxydation.
Excrétion
Mécanisme d'action
Le mécanisme biochimique précis de la neurotoxicité du manganèse n'est pas encore élucidé. Il est suggéré que l'action neurotoxique soit causée par l'oxydation du manganèse (II) en manganèse (III), ce qui augmente la production de radicaux libres et d'autres métabolites cytotoxiques qui pourraient altérer les systèmes oxydants en causant un stress oxydatif. Celui-ci pourrait se produire via l'oxydation de la dopamine ou par interférence avec la respiration mitochondriale.
Des altérations dans l'homéostasie du calcium et du fer pourraient également jouer un rôle dans le mécanisme d'action neurotoxique du manganèse mais on ne peut conclure pour le moment.
Le manganèse exerce son action neurotoxique au niveau du cerveau, plus particulièrement sur les ganglions de la base. Des modifications neuropathologiques ont été observées chez des individus atteints de manganisme. Parmi ces changements, on note principalement une dégénérescence du globus pallidus accompagnée d'une perte neuronale et d'une gliose. À un moindre degré, le striatum et la substantia nigra sont également affectés. De plus, chez les individus atteints de manganisme, on note une diminution des neurotransmetteurs (plus particulièrement la dopamine, l'acide gamma-aminobutyrique et le glutamate) au niveau des ganglions de la base.
Commentaires
Élément essentiel
Le manganèse constitue un élément essentiel. Les aliments représentent la principale source de manganèse pour l'homme. Aux États-Unis, le Conseil national de recherche a établi des quantités estimées sécuritaires et adéquates pour une absorption quotidienne via la diète (ESADDI: Estimated Safe and Adequate Daily Dietary Intake):
Sensibilité individuelle
De très nombreuses études concernant la neurotoxicité du manganèse ont été publiées. Il en ressort clairement qu'il existe une grande différence de susceptibilité entre les individus. En effet, dans un groupe où plusieurs travailleurs sont exposés au manganèse, seulement quelques-uns présentent des signes de neurotoxicité. De même, il est possible qu'un travailleur soit affecté après quelques mois d'exposition alors qu'un autre le sera après plusieurs années. Il se peut également que l'évolution de la maladie soit différente pour deux travailleurs présentant les mêmes symptômes au début. Différents facteurs peuvent contribuer à cette variabilité :
Mise à jour : 2017-02-09
L'inhalation de particules de manganèse sous forme d'oxydes peut conduire à une réponse inflammatoire au niveau des poumons. On croit que cette réponse débute rapidement après l'exposition et qu'elle se poursuit tout au long de celle-ci. Cela entraîne une incidence accrue de toux et de bronchite chez les travailleurs exposés. On peut également observer une pneumonie chimique où l'on observe de la fièvre, de la toux et des expectorations claires. Les dommages causés peuvent comprendre des foyers d'oedème. Les symptômes de l'oedème pulmonaire (principalement toux et difficultés respiratoires) se manifestent souvent après un délai pouvant aller jusqu'à 48 heures. L'effort physique peut aggraver ces symptômes. Le repos et la surveillance médicale sont par conséquent essentiels.Il est important de noter qu'une réponse inflammatoire de ce type n'est pas unique aux particules de manganèse. Elle est en fait caractéristique de presque toutes les particules de matière inhalable.À la suite d'expositions prolongées, on rapporte une incidence plus élevée de pneumonies. Cette dernière est probablement secondaire à l'irritation et l'inflammation pulmonaire.
On ne trouve pas de publication scientifique rapportant des cas d'intoxication aiguë avec le manganèse et ses fumées. Cependant, il est raisonnable de croire que l'inhalation de fumées de manganèse puisse causer la fièvre des fondeurs, celle-ci étant causée par l'inhalation d'oxydes de métaux. Les symptômes de la fièvre des fondeurs les plus fréquemment observés sont : fièvre, frissons, maux de gorge, douleurs musculaires, raideurs, transpiration, soif, goût métallique, nausées et vomissements. Ces symptômes apparaissent généralement de 4 à 8 heures après le début de l'exposition. Ils disparaissent 24 à 48 heures après l'exposition, sans laisser de séquelles.
Plusieurs études chez des travailleurs montrent qu'une exposition prolongée à de fortes concentrations (généralement > 5 mg/m³) de manganèse dans l'air, ou de ses composés inorganiques, cause le manganisme.
Le manganisme est un syndrome neurologique associé à l'accumulation de manganèse dans le cerveau. Son développement est progressif et invalidant. Il peut être divisé en trois phases :
La maladie apparaît à la suite d'expositions variant de quelques mois à 10 ou 20 ans, et ce, pour des concentrations d'exposition aussi basses que 2 à 5 mg Mn/m³ (poussières totales). Son développement et sa sévérité varient grandement selon la susceptibilité individuelle et les conditions d'exposition. La taille des particules pourrait être un facteur à considérer. En effet, les plus petites particules (moins de 5 microns ) pénètrent plus profondément dans les poumons où elles sont plus facilement absorbées. De plus, il a été suggéré que le degré d'oxydation du manganèse puisse avoir une influence sur le degré de toxicité. Des études seront nécessaires pour vérifier cette hypothèse.
Toutefois, plusieurs études récentes montrent que l'exposition à de plus faibles concentrations cause aussi des effets sur le système nerveux central (SNC). Des effets neurocomportementaux ont été détectés chez des travailleurs exposés à des concentrations allant de 0,01 à 0,04 mg Mn/m³ (aérosols respirables). Des tremblements sont aussi observés chez des travailleurs exposés à des concentrations moyennes de 0,036 mg Mn/m³ (aérosols respirables).
À ce jour, les données disponibles chez l'homme et l'animal indiquent que les effets neurotoxiques sont observés à la suite de l'exposition à divers composés de manganèse.
La suite des informations se trouve dans la section commentaires.
Aucune donnée concernant la sensibilisation respiratoire et cutanée n'a été trouvée dans les sources documentaires consultées.
Placenta
Les données chez l'homme montrent que le manganèse, un élément essentiel, traverse le placenta.
Développement
Il existe très peu de données concernant l'effet des fumées de manganèse sur le développement. Nous vous suggérons de consulter nos données sur le manganèse.
Il existe très peu de données concernant l'effet des fumées de manganèse sur la reproduction. Nous vous suggérons de consulter nos données sur le manganèse.
Le manganèse est un composant naturel du lait.
Chez l'humain, la concentration moyenne de manganèse dans le lait varie de 3 à 6 µg/l. La concentration moyenne de manganèse dans le colostrum se situe entre 5 et 12 µg/l.
Les concentrations de manganèse dans le lait augmentent lorsque la mère cesse d'allaiter, en raison du volume réduit de lait que le nourrisson ingère lors de la période de sevrage. En effet, les concentrations de manganèse dans le lait maternel des femmes qui produisent quotidiennement plus de 400 ml de lait sont en moyenne de 3 à 6 µg/l tandis qu'elles augmentent jusqu'à 35 µg/l lorsque la production lactée est inférieure à 400 ml de lait par jour, lors du sevrage.
L'ACGIH (2013) considère que le manganèse élémentaire et ses composés inorganiques ne peuvent être classifiés quant à leur cancérogénicité pour l'homme (A4).
Une évaluation des effets cancérogène du manganèse et de ses composés inorganiques peut être consultée dans notre notre fiche de renseigments sur le manganèse.
Il n'existe pas de donnée concernant l'effet mutagène des fumées de manganèse. Nous vous suggérons de consulter nos données sur le manganèse.
Suite des effets chroniques
Manganisme et maladie de ParkinsonCertains symptômes du manganisme sont similaires à ceux de la maladie de Parkinson (bradykinésie généralisée et rigidité étendue). Cependant, du point de vue symptomatique, le manganisme diffère de la maladie de Parkinson par des tremblements au repos moins fréquents, une dystonie plus fréquente et une tendance particulière à tomber à la renverse. On note également un échec à obtenir une réponse thérapeutique soutenue avec les médicaments antiparkinsoniens. Les régions du cerveau touchées par l'une ou l'autre de ces maladies sont différentes. Pour la maladie de Parkinson, la localisation des lésions anatomiques se situe surtout au niveau de la substantia nigra tandis que pour le manganisme, elle se situe principalement dans le globus pallidus et de façon secondaire dans le noyau caudé et dans le putamen.
Réversibilité des effets neurotoxiques du manganèseLe manganisme est habituellement considéré irréversible. Suite à l'interruption de l'exposition, l'évolution de la maladie peut cesser de progresser. Cependant, elle peut aussi s'aggraver.
En ce qui concerne les effets sur le système nerveux central observés suite à l'exposition à de plus faibles concentrations de manganèse (<1 mg/m³), des études additionnelles sont requises afin d'en évaluer la réversibilité.
InhalationEn cas d’inhalation, amener la personne dans un endroit aéré. Appeler le Centre antipoison ou un médecin en cas de malaise. Si la personne ne respire pas, lui donner la respiration artificielle.Les symptômes de l'oedème pulmonaire peuvent apparaître après un délai de plusieurs heures et sont aggravés par l'effort physique. Le repos et la surveillance médicale sont par conséquent essentiels.
Contact avec les yeuxRincer abondamment les yeux avec de l’eau pendant 5 minutes ou jusqu’à ce que le produit soit éliminé. Enlever les lentilles cornéennes s’il est possible de le faire facilement. Si l’irritation persiste, consulter un médecin.
Contact avec la peauRincer la peau avec de l'eau.
Mise à jour : 2013-12-13
Valeur exprimée en Mn (manganèse)
Depuis le 13 décembre 2013, la VEMP du manganèse a été réduite à 0,2 mg/m³ avec la notation <poussière totale> (Pt). Cette valeur s'applique autant pour les fumées, les poussières et les composés du manganèse. La substance n'a plus de VECD.
Modifications à la suite de la révision du règlement publiée dans la Gazette officielle du Québec du 28 novembre 2012 (144e année, no 48)
La cote entre [ ] provient de la banque Information SST du Centre de documentation de la CNESST.