Avis du NIOSH aux utilisateurs

Avis 75

Le 15 avril 1991

LETTRE À TOUS LES FABRICANTS D'UN APPAREIL DE PROTECTION RESPIRATOIRE

ET À TOUTES LES PERSONNES CONCERNÉES

Deux agents d'essai requis selon le règlement 30 CFR 11 [Title 30, Code of Federal Regulations, Part 11 (Federal Register, 1972)] pour l'évaluation de certains appareils de protection respiratoire à épuration d'air sont maintenant considérés par le National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH) comme des cancérogènes potentiels. Le phthalate de dioctyle [aussi connu sous le nom de phthalate de di(2-éthylhexyle) ou DEHP] est utilisé pour évaluer les filtres absolus, et le tétrachlorure de carbone (CCl4) est utilisé pour vérifier l'efficacité des appareils de protection respiratoire à cartouches chimiques ou à boîtier filtrant contre les vapeurs organiques, les pesticides et les peintures, lacques et peintures émail. Le NIOSH craint que les employés qui évaluent les appareils de protection respiratoire ne soient exposés à des concentrations supérieures aux limites d'exposition recommandées, en l'absence des mesures d'ingénierie adéquates.

Ces agents ont comme seule fonction de déterminer l'efficacité de filtration ou la capacité d'adsorption des appareils de protection respiratoire. Le NIOSH ne recommande pas d'utiliser les filtres, les cartouches chimiques ou les boîtiers filtrants approuvés à l'aide de un ou des deux agents pour se protéger contre le phthalate de dioctyle, le CCl4 ou tout autre cancérogène potentiel en milieu de travail. Ainsi, l'utilisation de ces agents au cours des essais d'approbation ne devrait pas poser de risques.

Le NIOSH a identifié des industries et des laboratoires où les employés sont susceptibles d'employer ces deux agents au travail :

1) les fabricants d'appareils de protection respiratoire à épuration d'air;

2) les laboratoires privés qui évaluent les appareils de protection respiratoire;

3) les fabricants d'équipement d'essai utilisés pour évaluer les appareils de protection respiratoire;

4) les détenteurs de permis de la Nuclear Regulatory Commission qui réapprouvent les filtres à haute efficacité;

5) les laboratoires de recherche, comme National Laboratories, qui effectuent des recherches sur les appareils de protection respiratoire;

6) les fabricants de carbone et de filtres;

7) les chercheurs ou les sous-contractants du Department of Defense qui évaluent les appareils de protection respiratoire.

Les essais avec le tétrachlorure de carbone sont habituellement effectués en laboratoire et doivent être conformes à toutes les dispositions de la norme de laboratoire (29 CFR 1910.1450) de la Occupational Safety and Health Administration (OSHA). Le NIOSH recommande que ces essais soient effectués sous une hotte d'aspiration ou dans une enceinte fermée avec ventilation ayant une vitesse face de 80 à 120 pi/min (ANSI Z-9). La limite d'exposition recommandée par le NIOSH pour le CCl4 est de 2 ppm (valeur plafond - 60 minutes). Cependant, parce que le CCl4 est un cancérogène potentiel en milieu de travail, le NIOSH recommande d'implanter les mesures d'ingénierie appropriées afin de réduire au minimum les expositions au CCl4.

L'équipement utilisé pour les essais avec le phthalate de dioctyle (dispositif d'essai des filtres vendu sur le marché) est normalement doté de filtres à haute efficacité pour purifier l'air évacué. Cependant, le manuel intitulé "Industrial Ventilation Manual" de la American Conference of Governmental Industrial Hygienists (ACGIH) ne recommande pas une recirculation à 100 %, et le NIOSH ne recommande pas la recirculation en présence de matières dangereuses. La conduite d'air recyclé devrait au moins comporter un dispositif de contrôle continu des particules pouvant déclencher une alarme si une défaillance du filtre se produit. Si possible, l'air dans l'enceinte devrait être évacué à l'extérieur du bâtiment de sorte que si une défaillance de l'unité de filtration survient, l'air contaminé ne sera pas libéré à l'intérieur du bâtiment. Ces dispositifs de contrôle et ces conditions d'évacuation doivent être mis en place conformément aux directives et aux normes applicables (c.-à-d. norme de laboratoire de l'OSHA et manuel "Industrial Ventilation Manual" de l'ACGIH), ainsi qu'aux autres règlements de tous les paliers de gouvernement. Cependant, d'autres fuites dans le système d'essai risquent d'entraîner des expositions dangereuses. Ce risque pourrait être moins inquiétant si le ventilateur qui fait circuler l'air dans le système est placé au bon endroit, c'est-à-dire en aval des filtres à haute efficacité, pour que le système en entier soit soumis à une pression négative. De cette façon, si une fuite se produit dans le système, l'air s'écoulera de l'extérieur (laboratoire) vers l'intérieur (enceinte d'essai). Cette disposition vise à réduire considérablement le potentiel de contamination du laboratoire en cas de fuite dans le système. On doit surveiller les expositions afin de déterminer si d'autres dispositifs sont nécessaires, comme un système d'évacuation local ou des hottes d'évacuation à accès. Les limites d'exposition recommandées par le NIOSH pour le phthalate de dioctyle est de 0,015 mg/m³, valeur basée sur la limite de dosage. Toutefois, puisque le phthalate de dioctyle est un cancérogène potentiel en milieu de travail, le NIOSH suggère de s'y exposer le moins possible.

La révision proposée au règlement d'approbation des appareils de protection respiratoire élimine l'utilisation obligatoire de phthalate de dioctyle pour l'essai des filtres. Le NIOSH tente actuellement de trouver un produit de substitution moins toxique pour le CCl4 tout aussi efficace pour déterminer la capacité d'adsorption et les effets de l'humidité relative sur la durée de vie de la cartouche.

Jusqu'à ce que les règlements soient modifiés, le NIOSH recommande de se conformer aux règlements en vigueur (de tous les paliers de gouvernement) applicables à la manipulation, à l'utilisation, à l'évacuation et à l'élimination sécuritaires du CCl4 et du phthalate de dioctyle.

Acceptez l'expression de nos sentiments les meilleurs.

 

Directeur

Thomas R. Bender, M.D., M.P.H.

Division de la recherche sur la sécurité (Division of Safety Research)